Les limites de la démocratie

Publié le par Jean Chalvidant

Le référendum tenu hier en Catalogne a livré les résultats attendus : le oui a obtenu 73,90 %, contre seulement 20,76 % de votes négatifs (5,34 % blancs et 0,9 % nuls). Un chiffre impressionnant, permettant aux catalanistes de se rengorger face aux caméras, mais qui lorsqu’on l’analyse plus finement, montre les limites d’un système et de la démocratie.

 

Un peu d’histoire : sous la II République, en 1931, les Catalans approuvèrent leur premier statut d’autonomie avec une participation de 75,13 % et à 99,49 %. En 1979, aux balbutiements du juancarlisme, 59,7 % soit 2 639 951 se rendirent aux urnes et 88,1 % d’entre eux (2 327 038) donnèrent leur placet au statut de Sau qu’il s’agissait de remplacer hier.

 

27 ans plus tard, ce sont donc 2 563 551 personnes, sur 5 309 675 catalans qui auront décidé de troquer le statut de 1979 pour la nouvelle mouture concoctée dans la nuit du 22 janvier dernier entre Zapatero et Artur Mas. Soit 49, 4 %... Ce qui en dit long sur la passion soulevée entre Figueras et Salou pour un projet difficile à comprendre. S’agissait-il du premier pas vers une autonomie complète, voire la séparation de la Catalogne du territoire espagnol, d’un renforcement technique des prérogatives de l’exécutif de Pasqual Maragall ? On a encore en mémoire les palinodies touchant à l’utilisation du terme de « nation » pour ce territoire. Zapatero n’en voulait à aucun prix, affirmant qu’il avait une demi-douzaine de mots pour contourner ce concept : constatons que sur ce point, il a mangé son chapeau.

 

Ce sont donc 1 881 765 Catalans qui l’auront emporté. Soit tout de même trois fois plus que les partisans du non, 528 472. C’est l’un des principaux enseignements du scrutin : le nouveau statut a été approuvé par 36 % des citoyens possédant le droit de vote. Beaucoup de bruit pour un résultat décevant, que ne sauraient expliquer ni le soleil de la plage, ni le match Espagne-Tunisie qui aura lieu ce soir. Je me souviens que Zapatero en personne avait édicté que « les normes politiques bénéficiant de 51 % pour ordonner la coexistence terminent en échec » (aux Cortès le 1er février 2005, à propos du plan Ibarretxe)… On est en plein dedans.

 

Aujourd’hui, chacun crie victoire. Maragall et Mas qui constatent que leur option a remporté trois fois plus de voix que le non. Le PP, via Josep Piqué qui met le doigt sur la très faible participation. On compte tout de même deux blessés : Carod Rovira, leader d’ERC, totalement illisible sur la campagne puisqu’il avait porté le non, jugeant le statut trop timide, et Mariano Rajoy qui subit encore une fois une défaite cuisante. Il faut s’attendre dans les temps qui viennent à ce que son leadership soit en interne remis en cause. S’il fut un excellent ministre, il n’est sans doute pas le chef de guerre que la droite attend depuis le départ de José María Aznar. Comme quoi moins de deux millions de Catalans ont peut être changé hier l’avenir politique de l’Espagne.

 

Publié dans chalvidant

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