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Publié le par Jean Chalvidant

Un lecteur de cette chronique, Serge, universitaire et remarquable connaisseur de l’Espagne contemporaine vient de me faire parvenir un commentaire à mes billets concernant les élections régionales de Catalogne. Je ne résiste pas au plaisir de vous en faire part, pour l’intérêt qu’il présente.

 

« Votre analyse du mode de scrutin appliqué en Espagne (une proportionnelle rectifiée par grandes circonscriptions et dont le mode de calcul distributif des sièges est une application du principe d'Hondt) rejoint les critiques  des partisans du scrutin majoritaire.

 

 

 

CiU gagnant ? Avec un peu plus de 30 % des voix et 48 sièges, alors que le découpage de la Catalogne en quatre circonscriptions donne un énorme avantage aux secteurs ruraux qui votent massivement –et traditionnellement- pour cette coalition, séduits par son discours conservateur et xénophobe ?

 

 

Le scrutin proportionnel, même quand le législateur s'évertue à le limiter par l'introduction de barres de seuil -5 % ou  3 %- et/ou par la systématique sous représentation des zones urbaines, a au moins la vertu d'ouvrir l'espace parlementaire à des forces nouvelles. C'est l'effet « surprise » de la liste Ciutadans et ses trois sièges.

 

 

Qu'il faudrait négocier, les candidats prétendant au poste d'Honorable le savaient bien avant le vote. Or souvent les partis ou forces politiques qui ont une faible capacité de proposition ou un don inné pour la manœuvre, préfèrent attendre et voir, puis s'allier avec qui bon leur semble. Si IC-Els verds est le seul groupe parlementaire sortant qui a gagné en voix et en sièges c'est peut-être qu'il a annoncé ses intentions avant le scrutin : le tripartit ou rien.

 

 

On peut assurément critiquer tout mode scrutin mais, pour ma part, je préfère le scrutin proportionnel (en perte de vitesse dans une Europe de plus en plus conservatrice). On peut aussi préférer le majoritaire « guillotine » anglais qui en un tour donne gagnant le premier qui passe la ligne et laisse sur le bas côté jusqu'à 75 % des électeurs. Ou le français qui fabrique des majorités de rêve ou permet à un candidat de recueillir à peine 20 % des voix au premier tour de la présidentielle (proportionnel) et être élu avec 80 % des mêmes au second tour (majoritaire). On peut aussi, comme le firent dans les années vingt Léon Duguit, Ortega y Gasset ou Ramiro de Maeztu, défendre le scrutin censitaire de la « bien-pensance » et ne donner le droit de vote qu'aux initiés ou aux bac +8. Franco préféra suivre les conseils d'un autre « penseur éclairé », Salvador de Madariaga, et appliquer les principes de la représentation corporative de la « démocratie organique ». On peut aussi préférer la boulè athénienne et le tirage au sort. Ou la monarchie de droit divin. Autrement dit la « majorité sélective », la « majorité des forces vives », la « majorité aléatoire » ou l'efficacité maximum…

 

 

Nous vivons une étrange époque… À propos de toutes ces questions, un ouvrage à lire : Luciano Canfora, La démocratie, histoire d'une idéologie , Seuil, col. Faire l'Europe, 2006. »

 

 

Rien à ajouter. Je partage l’analyse et file acheter le Canfora. Merci, Serge.

 

Publié dans chalvidant

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S
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