Zapatero, la carte cachée de Ségolène

Publié le par Jean Chalvidant

La politique française ne m’intéresse guère et je n’ai aucune compétence particulière pour y glisser mon grain de sel, ou mon analyse. Mais parfois surviennent des interférences, qui me contraignent à y plonger. Ainsi paraît-il acquis que le président Zapatero donnera un coup de main dans la ligne finale des élections présidentielles à Ségolène Royal, qui ne déteste pas être surnommée « la Zapatera ». À chacun son idole.

La candidate socialiste avait eu l’occasion de rencontrer officiellement le Premier ministre espagnol en septembre 2005 à Madrid lors d’un débat sur l’égalité. Elle avait alors déclaré que l’Europe devait désormais suivre l’exemple espagnol en matière de parité entre hommes et femmes : « Avant, on parlait de modèle scandinave, maintenant il faut rendre hommage au modèle espagnol… sur lequel nous avons l’obligation de nous aligner. » La presse locale avait rendu hommage à son élégance et à son tailleur blanc et estimé qu’elle s’était surtout rendue en Espagne en quête de stature internationale, qui lui faisait alors – et toujours – défaut.

Ne bondissez pas, en criant à l’insurgence de l’étranger dans les affaires politiques internes. Il y a longtemps que dans ce domaine, les frontières n’existent plus. Ainsi Nicolas Sorközy, dans un remarquable numéro d’équilibriste, avait-il réussi le même jour, le 6 mars 2005, à se faire recevoir à la Moncloa, en tant que ministre français de l’Intérieur, et à tenir meeting lors de la convention nationale du PP avec le leader de la droite, Mariano Rajoy. Durant lequel il a fustigé le laxisme de la politique espagnole, en particulier concernant le gruyère de l’immigration, il est vrai bien mal réprimée par l’exécutif madrilène. Mais donner des leçons sur une terre étrangère est un exercice délicat, dans lequel morale et refus d’ingérence doivent cohabiter, et en tant que tel, à pratiquer avec modération.

Ce n’est pas la première fois que Zapatero foulera les estrades des socialistes français. Ainsi en juin 2004 à Toulouse à l’occasion des Européennes, il tint meeting en compagnie de Laurent Fabius et François Hollande qui termina son discours par une incantation chargée d’espoir : « travaille bien, attends-nous, nous arrivons ! » Sans Marseillaise et sans drapeau tricolore, le jour de gloire est donc arrivé, puisque à l’occasion du premier tour du 22 avril, le président Zapatero accompagnera la candidate Zapatera lors d’une réunion de grande ampleuritude, peut-être pas à Bordeaux jeudi prochain mais certainement à Paris, sur une scène plus vaste et plus prestigieuse que le gymnase Japy. Une manière de rendre la monnaie de sa pièce à Sarközy, qu’il n’aime pas et qui le lui rend bien.

De ce qui filtre à Madrid, Zapatero en profiterait pour prononcer un discours ouvertement européen, car après tout, la France et les Pays-Bas ont par référendum refusé le Traité, et il va falloir remettre la maison sur de nouvelles fondations. Si son agenda ne lui permet pas d’être présent, la vice-présidente Maria Teresa Fernandez de la Vega le suppléera, ce qu’on ne souhaite pas à Ségolène, car son impact dans l’opinion française est loin d’atteindre l’aura de son chef de file. Et son charisme proche de celui d’une moule, doublé d’une allure de ET triste. Quel paradoxe : l’Espagne au secours de la France, c’est vraiment une première !

Publié dans chalvidant

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M
J'assume volontiers. Viva Zapata !
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M
La "zappe patate erra", c'est un nom pas mal pour Bécassine.
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J
Miguel, ce commentaire n'engage que vous !