Un mois déjà et deux accrocs de plus

Publié le par Jean Chalvidant

Décidément, le chemin menant à la paix est semé d’embûches et d’imprévus. Après les lettres siglées ETA, réclamant le paiement de l’impôt révolutionnaire reçues par des chefs d’entreprise la semaine dernière, l’organisation terroriste vient de nouveau de commettre un faux pas et de casser l’ambiance euphorique régnant en Espagne depuis le 24 mars, il y a pile un mois. Renouant en effet avec ses sempiternelles habitudes, ETA via ses jeunes pousses de la kale borroka (la violence urbaine) a tout d’abord mis le feu à une quincaillerie tenue par un élu de l’UPN navarraise à Barañáin, José Antonio Mendive. D’où incendie partiel de l’immeuble de 14 étages, et 56 appartements évacués. Bis repetita hier, quatre hommes encagoulés ont fait exploser plusieurs cocktails Molotov, à Guecho en Biscaye, sur la vitrine de la compagnie d’assurances Mapfre. Ce qui n’est pas sans rappeler l’activité de la même kale borroka lors de l’annonce de la trêve de 1998, avec l’attaque d’une banque à Santurtzi. Bientôt suivie de 1.500 actions de violence durant les quatorze mois de la trêve Aznar.

 

Selon les premiers éléments de l’enquête, il s’agirait d’une réaction à l’arrestation d’Ibon Meñika, chargé de faire circuler des coupons d’une valeur faciale de 60 euros au logo d’ETA  d’une herriko taberna (taverne du peuple) de Bilbao à une autre, située à Zamudio. Le jeune homme, déjà condamné l’été dernier à trois ans et demi de prison pour appartenance à Jarrai, et nonobstant en liberté parce qu’ayant fait appel, avait sur lui 90 de ces documents. La police en avait trouvés lors de la manifestation du 1er avril (de 10 euros ceux-là) et ils circulent abondamment à l’intérieur des casetas que les abertzales ouvrent lors des fêtes locales, les txoznas.

 

Deux voies de réflexions sont dès lors possibles. Soit ETA entend forcer la main au gouvernement et montrer que contrairement à ce qu’il a été dit sans discernement, le mouvement est loin d’être exsangue. Une piqûre de rappel, en quelque sorte. Après tout, les liens entre les jeunes activistes de la kale borroka et ETA sont évidents, comme l’ont prouvé les documents découverts en 1992 à Bidart. Soit, et c’est notre conviction, il s’agit de groupes d’indisciplinés voulant donner une leçon aux Navarrais, plus que jamais opposés à un rapprochement, ou à une annexion au futur Pays basque rêvé par ETA.

 

Ce qui pose un problème : ETA serait-elle incapable de contrôler ses troupes ? On a beaucoup glosé sur la dissension entre le vétéran Josu Ternera, l’homme qui a imposé la trêve, et Txeroki, le patron des commandos, taxé de jusqu’auboutiste. Ce dernier semble avoir accepté la manœuvre, du moins dans l’attente de résultats politiques tangibles. Mais il est fort possible que certains taldes aient décidé d’agir pour leur propre compte, rompant la discipline interne, dans le but de saboter les futures négociations. Un problème de plus pour Zapatero, qui maintient son intention de demander en juin l’autorisation au Congrès d’entamer un dialogue avec ETA. Quant à Miguel Sanz, le président de la Communauté forale de Navarre, il prévient le chef du gouvernement : « Si Zapatero veut résoudre un conflit en cédant la Navarre, il en provoquera un autre, bien plus grand encore. » Un vrai sac de nœuds !

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