Méchant machin, drôle de machine

Publié le par Jean Chalvidant

 

Le Conseil des Droits de l’Homme (CDH) de l’ONU, ce « machin » disait De Gaulle, est un organisme qui ne sert pas à grand-chose, tant les dits droits sont bafoués impunément un peu partout dans le monde, mais il est sain qu’il existât, ne serait-ce que pour réveiller les consciences et inciter à la prudence les pays ayant tendance à franchir la ligne jaune. Eh bien, on connaît les pays le composant désormais, qui vont prendre la suite de la commission de Genève créée en 1946. Les élections qui viennent d’avoir lieu ont donné quelques résultats surprenants, puisqu’on y trouve certaines contrées connues pour leur infini respect de l’être humain, telles la Chine, le Maroc ou l’Arabie Saoudite, ce qui donne envie de trépigner, de casser son fauteuil ou se remettre à la fumette. Au choix.

 

Pour l’Amérique latine, outre l’Argentine, le Brésil, l’Equateur, le Guatemala, le Mexique, le Pérou et l’Uruguay qui n’appellent pas de commentaires de ma part, on y trouve, j’allais dire sans surprise, Cuba, perle des Caraïbes, berceau béni du Partagas et paradis de la démocratie, brillamment élue à vote secret par 135 voix (sur 191). Résumons : soit les dirigeants de 135 nations sont remarquablement aveugles et particulièrement cyniques ou négligents, soit ils considèrent que Cuba est légitime pour discourir sur les droits de l’Homme et dénoncer les manquements. Et j’aurai tendance à privilégier cette hypothèse. Pour m’être souvent rendu dans cette île, et pas vraiment pour bronzer, profiter des jineteras et du rhum local, j’ai comme beaucoup pu mesurer l’absence totale de démocratie, la main mise totale des CDR et de l’armée, la passivité, voire la soumission de la population qui n’attend qu’une chose : que Castro, comme Franco, meure dans son lit. Et le plus tôt possible. Ce qui sera encore trop tard !

 

Interminable serait la liste des prisonniers politiques et des persécutés. Intellectuels, écrivains, poètes, artistes. Parmi eux, pas un seul terroriste. Pas un seul poseur de bombe, pas un seul assassin. Juste des hommes de bonne volonté désirant avoir le droit de parler, de critiquer, de choisir. Face à l’implacable machinerie de destruction castriste, ils n’ont aucune chance. Comment ne pas citer, pour les derniers en date, Juan Carlos Herrera Acosta, journaliste indépendant, condamné à vingt ans de réclusion, qui vomit ses tripes en prison, Ricardo Souto, incarcéré pour avoir tenté de fuir le paradis cubain et dont les parents sont sans nouvelles depuis avril, ou le noir Guillermo Farinas, en grève de la faim pour avoir simplement le droit d’accéder à l’Internet sur l’île…

 

J’ai aussi une pensée pour Pedrucho (j’ai changé le prénom, des fois que), étudiant en médecine à l’Université de Santiago, avec qui j’avais longuement conversé un soir face à l’océan, tandis que rodaient autour de nous des jeunes filles à peine sorties de l’enfance en quête d’une passe et de quelques dollars (encore une superbe réussite du castrisme), qui me disait sa détresse de vivre dans un pays à la dérive, corrompu et qui comptait tant sur nous, Français, nous les Européens, des hommes libres, disait-il, pour forcer le destin et obliger Castro à mettre fin à 47 ans de totalitarisme. Pardon, Pedrucho, ce ne sera pas encore pour cette fois. Même « le machin » vous a lâchés…

Publié dans chalvidant

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