L'arroseur arrosé

Publié le par Jean Chalvidant

Si vous cherchez un job en Espagne, celui de directeur de la communication du PP va être disponible prochainement. Et même si vous êtes moyennement doué, vous avez des chances de ne pas faire plus mal. On doit en effet à l’actuel responsable la bévue de l’année, que je vais tenter de résumer : face à la montée de la délinquance en progression vertigineuse, le Parti populaire a décidé de réaliser un petit film diffusé sur le net dénonçant l’insécurité, dont le seul responsable ne saurait être que le rival socialiste. Tout cela est de bonne guerre, lourdement manichéen et franchement démago. Mais c’est de la politique et nous autres Français n’avons sur ce terrain pas de leçons de déontologie à donner à nos voisins. Vraiment pas.

 

Et il y a une semaine, le mini film est mis en ligne. Un mélange de Metropolis de Fritz Lang et des ruelles de Manille, où viols et coups de couteaux sont la règle, sous un son lourd d’opéra. Un résultat ahurissant qui va à l’encontre du but recherché. Jugez-en en le regardant  en ligne : http://www.youtube.com/watch?v=OlEgcHaeNdY Fin du premier épisode. Et aussitôt, la vidéo devient l’une des plus regardées sur le net. Le PP se frotte les mains : l’opération « incompétence » du gouvernement est en route, il n’y a plus qu’à attendre le résultat des sondages. Rajoy se réjouit d’autant plus qu’il possède déjà des chiffres : en cas d’élections législatives, le PP serait d’ores et déjà passé en tête avec plus d’un point d’avance. Ce que réfute par ailleurs le PSOE, annonçant que les socialistes en possèderaient 11 de plus. Des tripatouilleries sans importance.

 

Et naturellement, le bel édifice va s’effondrer. Des petits malins s’en sont allés analyser les images et ont ainsi découvert que certaines concernaient des affrontements entre la police et des « okupas » (squatteurs) du cinéma Princesa sur la Vía Laietana à Barcelone, ou des incidents commis par un groupe d’extrême droite, Ultrasur, après qu’ETA ait placé une bombe près du stade Santiago Barnabeu, juste avant le match Madrid-Barcelone. En quelle année ? 1996 et 2002… C’est-à-dire sous le mandat de José María Aznar. Pire encore, certaines images ont été filmées à Medelllin, en Colombie, pays où Zapatero n’a jamais mis les pieds. Une superbe démonstration par l’absurde, ou la preuve éclatante de l’arroseur arrosé.

 

Depuis, le PP fait le dos rond, argue qu’il n’y est pour rien, que c’est la faute de l’agence Atlas, appartenant au groupe Vocento, qu’il a payé les images 4.000 euros sans en vérifier la provenance, faisant confiance aux publicitaires. Bref, un superbe sac de nœuds, qui fait bien rire sur la Péninsule. Si vous avez trois minutes, regardez le pastiche émis par des inconnus sur le net : http://www.youtube.com/watch?v=jsTpF2gTDOo il résume parfaitement la situation. Et on vient d’apprendre qu’à partir de 15 heures, la télévision socialiste va de son côté émettre un petit film de 16 minutes retraçant les mesures prises par le gouvernement Aznar durant le cessez-le-feu de 1998, durant lequel il y eut plus de 1.000 actions de la kale borroka.  Enfin, pour une fois que la politique nous fait rire, on ne va pas se priver !

Publié dans chalvidant

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