Pendant les négociations, le terrorisme continue

Publié le par Jean Chalvidant

Ce qu’il y a de bien dans ma spécialité, c’est qu’on trouve toujours quelqu’un d’aussi compétent, voire plus, que soi. Et je m’incline bien bas devant le travail de romain du professeur de l’Université Complutense de Madrid, Mikel Buesa. Partant du principe que le Congrès des députés a exigé le 17 mai dernier que les terroristes abandonnent de façon effective la violence à des fins politiques, il a entrepris de dresser un tableau complet (14 pages) des actes de violence commis depuis l’annonce de la trêve par ETA ou ses pseudopodes jusqu’à la fin août. En voici le résumé.

 

Impôt révolutionnaire : quatre vagues de lettres réclamant des sommes d’argent ont été envoyées à environ deux cents hommes d’affaires, exigeant entre 18.000 et 60.000 euros. On estime que de cette façon, ETA a engrangé entre 800.000 et 1.000.000  d’euros

Financement d’ETA : par l’intermédiaire des herriko tabernas (bistrots) et la collaboration d’EKIN, ETA a vendu parmi ses sympathisants 1.200 coupons à 60 euros chacun. Soit 72.000 euros

Désobéissance civile : la carte d’identité basque continue à être distribuée et utilisée. A été éditée une liste d’établissements où elle est la bienvenue. Les villes de Urrechu et de Zumárraga l’acceptent comme document officiel.

Terrorisme de rue : 89 actions de ce type ont eu lieu depuis la déclaration du cessez-le-feu. La pointe se situant en août, avec 4 actions contre des notables, 5 contre des commerces ou entreprises, 1 contre une réunion municipale, 4 contre des installations publiques et 13 sur des objectifs divers. Les dégâts matériels se montent à 515.000 euros.

Activités logistiques : ETA continue son activité logistique en France. Ainsi la gendarmerie française a enregistré le vol de 21 voitures depuis le début de l’année et découvert 10 refuges que le groupe avait abandonnés. Elle a aussi trouvé un véhicule que l’organisation avait fait exploser lors d’un entraînement, sans doute grâce à une bombe ventouse.

Prisonniers : selon une étude réalisée par la Direction générale des Institutions pénitentiaires, 491 prisonniers sont d’accord avec la ligne suivie par la direction étarre et acceptent le cessez-le-feu. Avec des discordances, puisque dans certaines prisons andalouses, notamment, 30 % prônent la poursuite des attentats, tandis que 20 % ne se prononcent pas.

 

En ce qui concerne les arrestations, c’est le calme plat. Si entre 2000 et le second trimestre 2006, plus de 1.013 arrestations ont eu lieu, dont 616 en Espagne et 287 à l’étranger, il n’y eut qu’une seule détention au troisième trimestre 2005 et aucune au premier de 2006. On ne s’étonnera pas que l’agitation politique entraîne la paralysie de la lutte antiterroriste. Un frémissement est à noter ces cinq derniers mois, puisque 13 arrestations ont été effectuées en Espagne, et 12 en France.

 

Conclusion : le terrorisme n’a pas cessé et ETA entend l’utiliser pour peser de tout son poids sur les négociations qui ne devraient pas tarder à officiellement commencer. L’organisation semble progresser vers ses objectifs et se renforce tant politiquement que matériellement. De son côté, « le gouvernement national fait preuve d’une paralysie progressive, et adopte un silence délibéré qui ne favorise en rien ses positions… On est loin de la fin du terrorisme. »

 

 

Si l’étude complète de Buesa peut vous être d’une quelconque utilité, n’hésitez pas à m’envoyer un mail à chalvidant@wanadoo.fr Je me ferai un devoir et un plaisir de vous la faire parvenir (il s’agit d’un Pdf – Adobe Reader que techniquement, je ne peux joindre à cette chronique). Elle est en langue espagnole, naturellement.

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