La télévision socialiste

Publié le par Jean Chalvidant

Imaginez que demain François Hollande claironne que sera bientôt installée une télévision 100 % socialiste. Je vois d’ici la tête de Sarközy, et en particulier celle de Bayrou, qui vient paraît-il de s’engueuler vertement avec le duo Le Lay-Mougeotte à propos de la répartition inéquitable des espaces consacrés aux formations politiques. Il suffisait d’y penser, rétorquerez-vous. Eh bien, outre Pyrénées, ils ont une navette spatiale d’avance, puisque le PSOE vient d’annoncer la création de la première « télévision de parti », qui sera diffusée à partir de la fin de l’année sur Internet, en attendant mieux, c’est-à-dire son installation définitive sur le câble ou le satellite.

 

Une première donc et une vraie bonne idée, à condition que le PP, décidément à la traîne partout, s’empresse de créer sa propre chaîne, dans un souci de parité et de rattrapage de la démocratie. Mes amis espagnols, facilement taquins ou furieux, me rétorqueront que le PSOE n’avait pas vraiment besoin de son propre canal, puisque tant TVE que la nouvelle Cuatro ou Radio nacional sont aux ordres et semblent frappés d’hémiplégie. À chaque fois, je leur répond que de tout temps, les médias officiels servent le pouvoir en place comme des carpettes, de Franco à Zapatero, que la nature humaine est faible et que pointer au chômage n’est pas un objectif de vie, même pour un journaliste.

 

C’est sans doute aussi pourquoi la vague rose de 2004 a vu déferler dans l’arène politique bon nombre d’entre eux, provenant en particulier du groupe PRISA de Jesús de Polanco. À commencer par la correspondante à Bruxelles de El País, Gabriela Cañas, aujourd’hui directrice générale de l’Information internationale du ministère de la Présidence, ou Miguel Ángel Muñoz, passé de la SER à l’Intérieur puis à la Défense, suivant fidèlement son ministre José Antonio Alonso, Miguel Barroso, le nouveau directeur de la Casa de América, Inmaculada Mardones aux Travaux publics, Lucía Argos ancienne responsable des thèmes de Santé à El País, désormais chef de presse de Carmen Calvo à la Culture. Sans oublier les deux  transfuges de CNN+, María Jesús Luengo à l’Economie, Lino Ventosinos à l’Agriculture, tout comme Ana Celma, de la SER.

 

Mais qui pour symboliser PPDA ? José Blanco, qui garde en l’absence de Zapatero les clefs de la maison socialiste, a eu une idée lumineuse : une femme (pour marquer le changement), jolie (c’est quand même mieux), qui soit à la fois catalane (un clin d’œil aux minorités ethniques) et journaliste incontestée (ah, tout de même !). Un nom s’imposait, celui d’Àngels Barceló, qui se fit connaître à TV3 puis à Telecinco, où ses coups de griffes contre le PP lors du désastre du Prestige, ce navire échoué au large de la Galice ayant déversé des tonnes de fuel, avaient été remarqués par la calle Ferraz.

 

Ne reste plus maintenant qu’à trouver un nom plus sexy que celui retenu de PSOE TV, qui a le mérite de la clarté mais n’est guère aguichant. Une suggestion : le gouvernement en place ne cesse de s’auto congratuler et de vanter ses vertus et ses réussites. Alors, pourquoi pas TV Talente ? C’est le mot préféré du chef du gouvernement. Celui-là semble vraiment avoir, en quelques mois, tout compris du marketing politique !

Publié dans chalvidant

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article