Elections au Pays basque : le mauvais choix de Zapatero

Publié le par Jean Chalvidant

Il n’y a pas qu’en France qu’on vote. L’Espagne s’apprête à en faire autant dans trois semaines, le 27 mai. Avec des résultats qui s’avèreront moins impliquants, puisqu’ils ne concerneront que les municipalités et certaines Communautés autonomes : Aragón, Principat des Asturies, Iles Baléares, Canaries, Cantabrie, Castilla-La Mancha, Castilla y León, Comunauté Valencienne, Estrémadure, Communauté de Madrid, Région de Murcie, Communauté Forale de Navarre et La Rioja. J’aurai l’occasion de revenir dans les prochains jours sur le sens politique à accorder aux conséquences des votes sur la Péninsule, mais tiens aujourd’hui à m’attarder sur le scrutin au Pays basque, une région qui ne ressemble décidément à aucune autre.

 

Au-delà des escarmouches entre le PP, le PSOE et le Parti nationaliste basque, qui gère le pays depuis la mise en place des 17 Communautés autonomes en 1978, un seul point retient l’attention : Madrid permettra-t-il à la mouvance séparatiste de se présenter devant les électeurs ? Batasuna étant toujours interdite, pour n’avoir jamais condamné la violence d’ETA, les autonomistes entendent être présents sous une forme ou sous une autre. Ainsi lors des élections autonomes d’avril 2005 avaient-ils créé de toute pièce EHAK, le Parti communiste des Terres basques, qui avait obtenu 9 sièges sur 75 et 12 %, soit 150.188 voix. Et accessoirement une subvention publique de 483.472 euros.

 

C’est une opération semblable qu’il s’agit pour eux de mettre en place aujourd’hui. À cette intention, ils ont sorti du placard un parti sans militants, l’ANV (Action nationaliste basque), créé en 1930 d’une scission du PNV, qui fit partie de manière éphémère, en 1978, de la coalition Herri Batasuna et refusa de rejoindre la nouvelle mouture Batasuna en 2001. Difficile dans ces conditions de lui interdire de se présenter devant les électeurs, d’autant plus que l’ANV a officiellement rejeté toute solution passant par la violence. Ces préalables étant remplis, on aurait pu penser logiquement que le chemin des urnes lui serait ouvert. C’était sans compter sur le calcul politicien du gouvernement central, toujours blessé par la rupture de la trêve et qui cherche par toutes les voies légales à interdire des listes abertzales, séparatistes, aux municipales basques.

 

Aussi depuis une dizaine de jours assiste-t-on à un jeu pervers, consistant à faire éplucher par le Tribunal suprême la totalité des noms des postulants aux conseils municipaux, afin de savoir s’ils ont été dans une vie antérieure membres d’ETA, ou de Batasuna. Et de les retirer de la piste. Mission accomplie, puisque 133 candidatures d’ANV ont ainsi été annulées sous des prétextes divers. Plus 246 associations d’AS (Abertzale Sozialistak). Il n’y aura donc pas de listes globales autonomiste en Euzkadi le 27 mai. Ce qui est lamentable.

 

Du haut de mon petit savoir et de ma longue expérience, je me permettrai une simple réflexion : refuser une sortie démocratique à des exaltés, c’est demain les repousser vers le désespoir, et l’activisme. Etre nationaliste, ou séparatiste, n’est pas un crime, mais une opinion. Et en démocratie, toutes se valent, seuls les électeurs décidant de les mettre en pratique. Par souci de vengeance, et aussi parce qu’il n’a pas les idées très claires sur ce dossier, Zapatero se fourvoit davantage dans le cloaque basque. Dans cette posture, il ne peut que perdre. Et ETA, qui attend en vain un geste, fulminera davantage. Qu’il est loin, l’espoir de paix !

 

Ps : pour les chercheurs et étudiants abonnés à ce blog, si vous désirez avoir le détail des candidats retoqués en Biscaye, faites :

 

http://www.libertaddigital.com/fotos/noticias/munivizcaya.pdf Pour les Juntes de la même région : http://www.libertaddigital.com/fotos/noticias/vizcaya2.pdf

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